lundi 7 décembre 2009

David Prudhomme -Rébétiko (la mauvaise herbe)

Rébétiko est une splendeur. Un rêve de bande-dessinée sensible qui fait le point sur un endroit de l'histoire assez connue, la diaspora Turque dans la Grêce du Général Métaxas. Le rébéte est ce Turque chrétien orthodoxe éxilé en Grêce et qui survit dans les milieux urbains interlopes. Pas vraiment brigand mais plutôt trafiquant, vivant de petits coups, et surtout, dans le cas qui nous intéresse et donc dans le livre de Prudhomme, le rébéte est un fantastique musicien. Il chante le blues des Balkans, une musique du quotidien qu'il accompagne de son bouzouki et dont les couplets reflétent les amours et les emmerdes de ces petits magouilleurs, amateurs de raki et de kiff.
Rébétiko raconte ainsi cinq hommes, cinq musiciens doués dont le talent se gorge d'orgies infinies et mémorables. La finesse de Prudhomme consiste à livrer brute la rudesse de ses personnages : ils sont sanguins et bagareurs, coureurs et noceurs, bringueurs et évidemment mauvais-coucheurs, mais Diable ! Ils sont vivants ! Et leur musique ? On jurerait l'entendre à mesure que l'on tourne les pages. Ce livre-là est une splendeur.
Prudhomme a réellement soigné son desin, ses couleurs et son découpage. Il n'hésite pas à faire durer la danse de l'ivrogne solidaire, montre les relations amour-amitié qui relient tous ces hommes. La musique est là, dans l'image. Et les émotions se submerger le lecteur lorsque l'image s'anime brutalement au détour d'un plongeon d'une barque ou au macabre scintillement de la lame d'un couteau. Le kiffe, l'alcool, la musique, les hommes... Quel beau livre.


Image extraite de blog de l'auteur (en lien en cliquant sur le titre) consacré à la création de ce livre.

samedi 5 décembre 2009

Chris Potter Underground - Ultrahang


J'ai découvert tardivement Chris Potter, connerie de ma part, je ne voyais en lui qu'un bellâtre posant avec son saxophone. Ce que préjuger ne nous fait pas voir quand même... Bref, je l'ai oublié un temps, puis redécouvert à l'occasion d'un disque avec David Binney - South - et dans lequel la densité technique du jeu de Potter m'est soudainement apparue comme flanboyante. Une critique dans Jazz Mag par Frédéric Goati m'a convaincu récemment de re-tendre l'oreille et l'esprit vers la musique de ce musicien.
"Ultrahang" est un album sans maison de disque. Il est auto-produit et distribué exclusiment par le site artistshare. En fait, c'est ce qui m'a fait m'intéresser à cet album. Chris Potter, même bellâtre et poseur, sans maison de disque ? Ne propose-t-il donc rien de digne d'attention ? N'est-il plus qu'un sideman parmi les sidemen ? J'avais déjà, même avant d'avoir écouté le disque, une idée plus que précise sur la question : non. Chris Potter a une musique à montrer, certainement plus que la moitié des tacherons qui continuent d'encombrer les étals des sorties Jazz. Je me le suis donc procuré, le disque. Et j'ai écouté, assis, cette déferlente brute de musique qui me percutait les tympans. Chris Potter a encore des choses à dire, d'ailleurs il les hurle au son d'un funk qui groove incroyablement, pour paraphraser Ferré "ça tape, ça crie, ça gueule", et bon dieu que c'est bon !
Ecoutez "Ultrahang" ! Laissez-vous emporter par le funk brute de "Rumples" ! Ce disque est une pépite qui groove sur ses huit pistes avec des musiciens tous au meilleur : Craig Taborn au fender Rhodes, Adam Rodgers à la guitare et Nate Smith à a batterie. Quatre garçons pour un grand disque.
Je mets en lien le site de Potter et en particulier une page à partir de laquelle vous pouvez - devez- écouter Rumples. http://www.chrispottermusic.com/radio.aspx