lundi 24 mars 2008

Orchestre de la Paillote - Kadia blues

Il y a des merveilles de morceaux, des miniatures de bonheur, on en a tous gravés quelque part dans un coin de tête. Moi c'est cet obscur titre interprété par l'Orchestre de la Paillote, et écouté pour la première fois sur une compilation de trèsors oubliés, et effectivement, pour ceux qui se donneront la peine de cliquer sur le lien plaçé plus bas dans ce message, ce morceau est une merveille. Je dois avouer que c'est davantage le côté désuet voire daté qui m'avait tout d'abord plu. Plus que musicale, mon adhésion est d'emblée venue du son de l'enregistrement. Enfin il y a ce blues conduit d'une main experte par l'excellence du jeu de guitare de Linké Condé, artiste d'une subtilité rare. Tout ça pour dire que c'est par ce morceau que j'ai pénétré plus avant le monde de la musique africaine et en cette matière il y a une somme que quiconque ne peut ignorer : les orchetres nationaux guinéens,. Ceux-ci sont la bonne idée culturelle de l'indépendance guinéenne, laquelle eut lieu en 1958 comme chacun sait. Bref, cette révolution fût le thèatre d'un affrontement avec les valeurs de la colonisation française, lesquelles avaient balayé des pans entiers de cultures locales. L'ambition est alors de renouer avec ce riche passé africain, aux valeurs propres et pan-africaine. Concrétement, il s'agissait de creer dans chacune des 34 régions guinéennes un orchestre, un groupe de musique traditionnelle, une chorale et une compagnie de thèatre. L'émulation naissait de la rencontre de ces orchestres lors de festivals à la capitale. On y enregistrait alors sur bande le fruit des labeurs conjoints de tous ces artistes : le label d'Etat Syllart était né. Le modèle cubain était alors en vigueur, les musiciens des fonctionnaires payés par l'Etat, et leur musique si elle permettait une éclosion artistique réelle dans la population ne remettait pas encore en cause un régime moins démocratique qu'il ne voulait paraître.
Parmi ces groupes, et si je néglige volontairement le Bembeya Jazz National sur lequel je reviendrai bientôt, l'Orchestre de la Paillote fait figure de merveille longtemps cachée. Dirigé par Keletigui Traoré (l'orchestre deviendra après sa nationalisation Keletigui et ses tambourinis) lui-même saxophoniste, la Paillote développait un son incroyable, surtout dû à son guitariste comme dit plus haut mais aussi par la faveur accordée au musiciens de jouer des chorus vraiment rares pour l'époque. Aussi sur "Karan Yarabi" entend-on les chorus succéssifs de Linké Condé, Kerfala Camara à la trompette et Keletigui Traoré au sax ténor.


http://www.fileupyours.com/files/171583/10%20KADIA%20BLUES.wma

2 commentaires:

Unknown a dit…

100% d'accord ce morceau est une véritable petite merveille. Il est également vrai que l'on puisse tout d'abord être attirée par le son à la fois curieux et authentique. Nais il y a beaucoup plus que ça.

John of the tower a dit…

Un petit mot au hasard de la Toile en hommage à ce son des années d'indépendance. Tout comme vous, j'ai été envouté par ce morceau de jazz océanique, Kandia Blues. On en voudrais plus, évidemment. Déjà heureux qu'il reste cela.