jeudi 10 avril 2008

Felix J & Artaud - Dum Dum

A l'heure où les grand Corps Malade et autre Abd El Malick n'en finissent plus de nous vendre un slam plus blanc que blanc, un slam de grande section de maternelle, d'autres en France s'accoquinent avec de vrais musiciens pour produire une vraie musique, dégagée de toute contrainte commerciale et dont le but avoué réside dans l'invention du son, comprenez dans l'alliance neuve d'une voix et d'un instrument. Felix J est un des trubions de la scène slam française depuis quelques années, présent dans toutes les bonnes compilations et autres scènes ouvertes de ce mouvement, c'est surtout un type qui écrit avec une plume de dingue, un chirurgien de la phrase, pas du mot, il ne joue du scalpel que dans un vocabulaire courant, bien loin d'un MC Solar par exemple; ce qui plait chez Felix J, c'est réellement sa capacité à trouver la syntaxe exacte, le rythme parfait de la phrase, tout en restant compréhensible. Ca s'illustre parfaitement dans le projet Dum Dum, vrai polar extrême imaginé par l'artiste et qui révèle un univers l'on ne peut plus propice à l'exploration crasse, la plume de Felix J s'auto-satisfaisant de naviguer en eaux troubles, retournant les cadavres afin d'y découvrir les plaies les plus sales. Dans l'univers de Felix J, on congèle les bébés tout en suivant une mystérieuse Sidonie, on joue 823 parties de monopoly, "il y a le recel, celui qui fait l'intermédiaire, il y a les types qui te changent les plaques, ceux qui te refont la peinture, il y a celui qui connait le nom de celui qui connait le voisin d'un type à la gueule zarbi, le porteur de valises, il y a l'indicateur, c'est le type connecté, le revendeur de faux papiers, il y a toujours celui qui fait guetteur, qui en sait trop ou pas assez, souvent mouillé jusqu'à l'orteil, pas plus haut,"etc.... Qu'il est bon d'entendre un polar joué de cette façon là, l'interprétation est sans faille, marquant la progression musicale d'un Artaud méconnaissable. Le contrebassiste envoit une musique glauquissime, s'autorisant des virées rock, grandes envolées saturées martelées par le rythme implacable de la basse, Artaud livre ici la parfaite musique de roman noir, un son que nos esgourdes avaient oublié, reléguant ces ambiances à une certaine façon de se souvenir des années 60 et des films de Melville.
Dum dum est l'alliance d'un musicien, Artaud, d'un poète, Felix J, et d'un graphiste, Thierry Guitard, dont j'avoue que c'est le travail que j'ai trouvé le plus anecdotique dans le projet. Ca aurait pu n'être qu'un disque, d'autant plus que ce concept a sans doute relégué Dum Dum au rang de livre illustré, ce qui n'est absolument pas le cas. Il s'agit au contraire d'un très rare superbe album de musique vibrante, dense et noire, comme devrait l'être plus souvent le HIp Hop en France.

3 commentaires:

Mathieu Pierloot a dit…

Et pourquoi pas un petit morecau en écoute?

thyuig a dit…

Et parce que je n'en trouve pas sur la toile, et que j'avais la flemme d'uploader un morceau.
Mais en cliquant sur le titre de l'article, le myspace de dum dum tu trouveras !

thyuig a dit…

Ecoute "A la seine" en priorité.