dimanche 15 juin 2008

Ruppert & Mulot - Le tricheur.

Ces deux-là sont terriblement irritants au moins autant que talentueux. Par ailleurs ils commettent depuis quatre albums chez l'Association des livres dont l'inventivité formelle et narrative ne souffre aucune concurrence dans le paysage bédéïste contemporain. Ca c'est pour le côté agaçant. Après, la lecture de quelques pages suffit à faire admettre l'extrême sensibilité de leur travail, c'est toujours juste dans les situations, très souvent cruel il est vrai mais quasiment jamais artificiel.
Ce nouvel album ouvre sa refléxion sur le monde de l'art, de la performance, de laquelle d'ailleurs Ruppert & Mulot ne sont jamais loin, il suffit de voir leurs scéances de dédicaces pour s'en convaincre. Le récit va réussir à mêler adroitement des séquences d'actions muettes et l'interrogatoire d'un témoin ou d'un suspect sur le déroulement de la scène. Véritablement l'effet est passionnant et déroutant, les passages muets réalisent des prouesses narratives rares, un découpage incroyable avec une action découpée au scalpel, ciselée superbement. Franchement, ça faisait longtemps qu'un découpage ne m'avait à ce point emballé, et même si cet album ne s'adresse pas à tout public, d'une part par la violence de ses scénes ( le lynchage, le viol notament), et d'autre part par son sujet même, il est néanmoins visible que narrativement, Le tricheur est une rareté, un concentré d'intelligence de mise en scène et qu'il risque de squatter certains podiums de palmarés cette année. Brillant.

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