mardi 2 février 2010

Le samouraï Bambou - Taiyou Matsumoto / Issei Eifuku

Ceux qui lisent un peu ce blog connaissent mon attachement quasi primal à la chose nippone et en particulier à la Geste samouraï du pays du soleil levant. Malgré tout je n'avais jusqu'à présent jamais évoqué ici les oeuvres de Taiyou Matsumoto dont je demeure pourtant vraiment client depuis ma lecture il y a quelques années d'Amer Béton. L'addition simple du talent de Matsumoto avec l'esprit de ce Japon médiéval ne pouvait que me faire vibrer et surtout me laisser espérer une grande oeuvre. De vous à moi et sans nécessairement retarder l'échéance, c'est parfaitement le cas. Matsumoto est un grand mangaka, dans le sens où dés qu'un sujet s'offre à sa plume, il le contraint à ses propres visées et visions de l'écriture.
D'un abord toujours aussi aride et difficile, les oeuvres de Matsumoto ne s'offrent pas en première lecture, elles demandent un poil de concentration mais aussi d'accepter les ruptures de tons dans la forme et dans la psychologie des personnages. Le dessin est vif, immédiat, et on le ressent brutalement dans ses imperfections. Rien n'est chiadé chez Matsumoto, le "Samouraï Bambou" ne fait pas mentir cette règle. Pas de crayonné, une plume qui tire à l'impulsion mais un résultat toujours vif, énigmatique dans son rendu.
Le pitch du "Samouraï Bambou" pourrait être celui de dizaine de manga prenant pour thème le Japon médiéval : un Samouraï, bretteur d'exception, entre en ville (ici Edo) pour tenter d'échapper à son passé et se racheter une conduite. Seulement voilà, Matsumoto n'est pas n'importe quel mangaka, son bretteur est rêveur (on pense ici à Number five et le personnage de Matriochka qui réussissait à plier le monde à ses rêves au point de ne pouvoir faire la distinction entre le réel et son double onirique, Blanc agissait de même dans "amer béton" également, bref, c'est une récurrence dans son oeuvre), s'entoure d'enfants, fuit le combat en ne l'envisageant qu'en dernier recours (là où tous les mangas s'emparent de ces situations pour les filer sur plusieurs dizaines de pages, Matsumoto les saisit en deux ou trois cases d'action pure) et maintenant que le tome 2 s'achève, semble influencé et traqué par une noirceur omnisciente qui ménace à tout instant de le faire chavirer. Bref, le personnage est dense et complexe, s'épaissit tandis que le monde qui l'entoure devient plus concret. C'est la force du mangaka, nous ammener à la compréhension de l'univers mis en place mais jamais en nous ménageant une voie franche, la voie du samourai est d'ailleurs un assemblage complexe de codes et d'interdictions, Matsumoto la fait sienne.
Le lecteur attentif aura remarqué l'adjonction d'un autre auteur à celui de Matsumoto sur ce manga. C'est une première dont j'ignore tout de la fécondité effective tant ce que je lis en parcourant les pages du "Samouraï Bambou" ressemble à ce je connais de Matsumoto seul, Issei Eiffuku semble pourtant être à l'origine du projet, peut-être est-ce lui qui donne l'impulsion à chacune des historiettes qui coposent les tomes (déjà 7 au Japon et une récompense au Japan Media Arts festival en 2007). Bref, encore un mot pour citer l'influence indéniable de Usagi Yojimbo, Senô semblant littéralement prolonger les errances complexes du lapin rônon élaboré par Sakaï. Une grande lecture en devenir en tout cas.


2 commentaires:

jyrille a dit…

Bon ben il me le faut (même si j'ai rien compris à tes deux dernières phrases).

thyuig a dit…

pourtant elles sont compréhensibles, tu connais pas Usagi le lapin ronîn ?