mercredi 19 mars 2008

Duke Ellington - Money Jungle

Au moins aussi culte comme collaboration que comme marronier, voilà un album que même le fan hardcore d'Anny Cordy se devrait de possèder, l'unique album de jazz, le disque danslequel tout est parfait, des blazes sur la pochette aux impros des mêmes loustics sur les plages : Money Jungle où le jazz version culte ! Parce que des disques comme ceux-ci, qui convoquent un casting rêvé, il y en a quand même énormément qui sont de retensissants flops. Souvenons-nous de ce "tenor madness" et ses quatre mesures partagées entre Sonny Rollins et john Coltrane, quelle déception ! Mais rien de ça dans ce disque qui s'ouvre merveilleusement sur "very special" et ses notes aériennes placées sur le clavier par the Duke. A peine l'esquisse d'une mélodie. Derrière, Max Roach joue des balais sur la caisse clair et Charles Mingus s'empare d'une ligne de basse d'un autre monde : le décors est planté. Ellington délaisse bien vite le canon standard de sa mélodie et s'en va jouer avec Mingus en entâmant un dialogue impensable : la main gauche du Duke refaisant la mélodie lançée sur son manche par Mingus, tout simplement magnifique. Le roulement de caisse clair final ponctue le morceau comme un éclat de rire génial. "A little max" morceau suivant poursuit sur cette voix tandis que le dialogue s'ouvre ici davantage entre Mingus et Max Roach, laissant la part belle au démantélement du thème par son auteur Duke Ellington. Sans égrainer un à un chacun des titres de ce disque culte parce que parfait, il ets tout de même nécessaire de relever deux morceaux fondamentaux, presque fondateurs du jazz moderne : "Fleurette Africaine" et "Caravan". Ecoutez ça et vous pourrez mourir, comme après une bonne margarita.



En parlant de collaboration et en restant chez Ellington, il y a ce disque pour lequel on se serait damner si seulement il avait été réussi. La rencontre au sommet de deux géants, des deux grands artistes noirs qui ont su dans les années 40/50 imposer leurs orchestres à New-York, au Etats-Unis et dans le monde. Et pourtant ces deux grosses pièces d'artillerie du Swing ne vont produire qu'un album médiocre dans lequel les deux personnalités ne se rencontreront pour ainsi dire jamais vraiment. Il suffit d'ailleurs d'entendre Armstrong embrasser littéralement son interprétation de "Solitude" de sa générosité, laquelle ne suffisant pas à rendre ne serait-ce qu'un centième de l'émotion véhiculée par le trio Mingus-Roach-Ellington sur "Money Jungle" sur ce meêm morceau. Ellington ne se livre jamais dans ce "Great Summit", la trompette d'Armstrong tempête tant et tant qu'elle ne trouve jamais le clavier du Duke, lequel demeure desespérement vide de toute émotion franche. Le Duke accompagne le grand Louis finalement bien plus mal que ne l'aurait fait n'importe quel quidam habituel du grand trompetiste. Toutes les rencontres ne sont pas forcément de belles rencontres et malgré les photos souriantes qu'on associe à tort à des souvenirs heureux.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Un petit bravo en passant pour t'être frotté à l'évocation d'un disque de Jazz. Pour l'avoir fait une ou deux fois, je trouve ça super dur. (mais j'ai peut-être trop de révérence envers cette musique après tout!)
Tu t'en sors bien!
Et le Money Jungle est culte, BIEN SUR!!!!!!!!

Anonyme a dit…

Ahah! Le Dahu est passé par là!

Bon bien belle chronique. Mais je suis obligé de râler un peu (tu me connais). Money Jungle tabasse sévère, c'est vrai. Mais je ne peux pas lui décerner ce titre d'album unique de jazz. Parce que Giant Steps. Parce que Curves of Life. Parce que Maiden Voyage. Parce que Black Sinner and the Saint Lady. Parce que Seven Days of Falling.... Merde, donnez-moi mon Risperdal, vite!!!!!

(par contre, ça va te paraître fou, mais figure-toi que j'ai jamais écouté ce Ellington/Armstrong.)