
L'histoire résumée tient en peu de choses : tout se qui figure la vie artistique de la Nouvelle Orléans se retrouve invité en croisière par une riche veuve aux mécénales envies. Il y a là un poéte, deux écrivains, un sculpteur amoureux, une godiche, son mac, quelques critiques, un industriel anglais, bref, de quoi pavoiser sur 300 pages. Gagné ! Faulkner en fait que cela, esquissant en creux une critique de cette jeunesse qui se libére (très bien), du féminisme en vogue dans les années 30, des rapports affreux que tissent entre eux mécénes et artistes (d'accord) mais à quoi bon tout ça ? La seule beauté du roman (magnifique beauté, je ne le nie pas) se niche dans l'esquisse d'histoire d'amour qui relie la nièce fortunée au sculpteur d'une part et au matelot d'autre part. Tout en finesse là où jusqu'ici Faulkner n'avait manié que la brosse large, maintenant il figure admirablement les caractères, les fait se tenir ensemble, se porter, s'embrasser un peu, se retourner, s'ereinter réciproquement, le viol de Sanctuaire n'est jamais loin; et cette guêpe de nièce, toujours à son aise, sauf lorsque ces miriades de moustiques la happent et la font renoncer à cette légère mais sincère tentative d'évasion. Et alors le roman replonge, et son lecteur de se taper la joue, maudissant éternellement les foutus moustiques du titre d'avoir arrêter net une histoire qui promettait d'emmener une jeune fille et son matelot vers des envies infinies.
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