dimanche 26 octobre 2008

Anders Petersen

Il y a des cheminements de l'esprit qu'il ne faut peut-être pas trop chercher à examiner, ou alors d'un peu loin, au travers d'un verre de rouge par exemple. C'est le cas de mon rapport à cette pochette d'un des albums les plus fameux de Tom Waits et sans doute celui que je préfére de l'artiste. D'abord par qu'il me rappelle un film magnifique de Jim Jarmusch, Down by low, et ensuite parce qu'il contient un titre imparable, implacable et irremplacable, une pièce qui maintient cohérente à elle-seule tout l'édifice de la chanson à texte made in USA, j'ai nommé Jockey full of bourbon. Après ça le déluge.
En fait il y a une troisième raison à mon amour irraisonné pour ce disque, la photographie qui illustre sa couverture. Une vraie photo dans laquelle j'ai longtemps cherché le visage du songwriter sans plus de réussite que celui de scruter cette image déstabilisante. Toutes les photos d'Anders Petersen produisent peu ou prou la même sensation. Il y a comme un foid qui surnage au delà du cadre. Peut-être justement parce que ses images le sont, décadrées. Peut-être aussi parce que le contraste saisi ne doit pas d'exister qu'au seul n&b mais aussi à l'inpensable disposition des corps dans ses images. On parle souvent à propos de la photographie des années 50 et jusqu'aux années 80 de cet "instant décisif" propre aux grandes photos. Cartier-Bresson en tête en faisait son cheval de bataille. D'accord. Mais alors là, l'instant décisif, il réside dans quoi ?
Anders Petersen a photographié les gens du Café Lehmitz pour en produire un livre en 1978, i la 30 ans et a photographié les clients, les putes, les amoureux et les maqueraux, les bagarres et les parties de cartes tout comme ses ainés le faisaient avant lui. Il a simplement modofié le rapport à l'espace photographié. Le sujet intervient dans l'image comme un objet structuré morphologiquement. Petersne détruit ça. Il casse les corps, sait les rendre beaux et laids. Sur la pochette du Rain Dogs, on sent bien toute la laideur du sujet et en même temps il perce comme une sensation de malaise insondable. Il y a câlin. une pute et un adolescent trop grand, un marin ? Toute une vie se dessine au delà de l'image pour moi précisément autour de la musique de Tom Waits. Parce que ce disque réunit tout même trois types et pas n'importe lesquels. Waits Jarmusch Petersen. Je connais un Jockey qu'aurait pas parié un kopek sur ce trio au début des années 80.
Un mot encore sur Petersen pour signifier qu'il photographie toujours et qu'il me tarde de saisir son dernier livre Sète 08, réalisé pendant deux années en partenariat avec la municipalité languedocienne.

Et je ne résiste pas à vous montrer une photo de Petersen glanée sur la toile et dont je ne sais rien, sinon qu'elle est à tomber.


5 commentaires:

jyrille a dit…

Je ne connaissais pas Petersen, je suis en total accord avec ton premier paragraphe (mais à 100% quoi), et au final cette note là, elle claque.

thyuig a dit…

yeah !

Li-An a dit…

C'est vrai que c'est une belle pochette (tiens, je n'ai plus l'album en question).

thyuig a dit…

s'il y a bien un album à possèder de Tom Waits, c'est ce Rain Dogs !

Li-An a dit…

Oui en effet mais je le possédais sous forme de K7 (c'étaient les années 80) et elles sont toutes parties à la poubelle cet été. Foutu format.