mercredi 27 août 2008

Raashan Ahmad - The push

Bon, ce truc là, ça devait fatalement cartonner, c'était inévitable et ouf ! contrat rempli, le leader des Crown City Rockers de Bay Area ne déçoit pas, ou alors vraiment peu, sur le seul track véritablement faible de l'album : "Yusef", dont j'aurais préféré qu'il s'adresse au grand Lateef plutôt qu'au petit nouveau de la famille. Mais c'est ainsi, si je savais rapper je vous aurais déjà pondu deux concept-albums dédiés à mes deux princesses moi. Doooonc reprenons avec Raashan et son premier LP et bien nommé The Push, petite perle de Hip-Hop west-coast version Jurassic 5 (Chali 2Na propose un titre en compagnie d'Eligh) plutôt que N.W.A., ce qui n'est pas pour me déplaire, mais là n'est pas le sujet. Ceux d'entre vous, chanceux, qui connaissaient déjà par coeur Crown City Rockers auraient du s'attendre à se reprendre en pleine poire toute la puissance scénique du groupeet sa musique jouée live et bien non, Raashan balance à sa façon des tracks produites par divers grands et petits noms de l'underground ricain : DJ Vadim remporte ici la palme avec son très réussi "Weight".
Au chapitre des réjouissances, je retiens un retentissant "If I" qui ferait se lever l'Ossétie du nord et même celle du sud dans un concert de béquilles, marquant le rythme de cette superbe ligne de basse, et sans oublier le Rhodes de Kat Ouano, un transfuge de Crown City Rockers. Je ne sais pas d'où vient ce sample, mais il déboite sa mémé et franchement, c'est tant mieux pour les popotins, et c'est tant pis pour Vladimir. Alors à ce compte là, que "If I" intérroge le rapport que Raashan entretient avec Dieu, on s'en tamponne joyeusement, pourvu que ça ne s'arrête jamais quoi. Question propos, le texte de "Cancer", dédié à la mère décédée de Raashan confirme quant à lui tout le talent de lyricist du emcee, c'est toujours délicat d'aborder ces thèmes là, et je pense ici au parfait "Crevice" de Beans déjà évoqué dans ces colonnes.
Voilà pour Raashan, allez donc sur son myspace, pas mal de titres sont en écoute (et toujours en cliquant sur le titre de l'article).

If I - Raashan Ahmad

mercredi 20 août 2008

Paul Pope - 100%

Après avoir dévoré son batman year 100 et presqu'immédiatement trouvé trop inégal son Heavy Liquid, c'est sur la pointe de pieds que je me lançais dans la lecture de 100 %, dernière traduction en date de Paul Pope. Hum. Si je devais trouver un argument, là, pour vous faire ne pas vous précipiter sur cet album, ce serait pour sa couverture assez moche, mais pour le reste, 100 % est une merveille, ne pas le lire devrait entraîner l'exil en Ossétie du Sud sur le champ.

Bon, et le bouquin alors ? Juste une claque, d'abord et toujours avant toute autre chose avec Paul Pope, c'est une claque graphique. Il faut voir ces larges coups de pinceau, l'impeccable qualité du découpage, l'impression de flou entraîné par la surbondance de vie, il faut voir comment Paul Pope peint une histoire, coincé entre Zezelj et Miller, entre manga et comics, l'oeil rivé sur Moebius.

Paul Pope c'est du discours amoureux servi dans un plat de SF crédible, voilà pour ce qu'on trouve à l'intérieur de l'emballage. Dans 100 % le monde décrit pourrait presque être contemporain si n'étaient quelques réalités virtuelles étonnantes et d'autres défoulements de tripes en 3D, strip teaseuses s'abstenir. Mais ce livre s'occupe surtout de faire se rencontrer 3 couples d'une façon tout à fait sincère, montrant la façon dont les relations se tendent et se détendent toujours aux rythmes des sorties, drogues, alcools mais aussi boulots, aspirations, manières de vivre.

Paul Pope ne fait rien d'autre que ce que nous montrait déjà Zezelj dans Rex ou dans le Rythme du coeur, on retrouve la même force graphique et la même envie de couvrir le spectre des sans-grades et des plus démunis, de laisser ces personnages croiser sur 200 pages. Pope ne fait rien de différent, voilà pourquoi ses livres demeurent toujours un peu en tête, comme des référants d'un certain type, lorsque je pense mafia je vois Scorsese et Gandolfini, et quand je pense downtown et encre de chine je vois Paul Pope.

PS : encliquant sur le titre de ce message, vous tomberez sans aucun doute sur le blog de Paul Pope. Enjoy !



mardi 19 août 2008

William Faulkner - Moustiques

Vous pouvez vous appeler Faulkner et planter complétement un bouquin, c'est possible. Si vous vous appeliez Sullitzer ou Jardin, ou Marc Levy ou je ne sais quel autre nain du clavier aseptisé pour cathodés à l'entertainment, je vous dirais que je ne peux malheureusement rien pour vous, mais Faulkner quoi ! FAULKNER ! Il est des choses qui me dépitent, et voir une statue parfaite se casser la gueule du piedestal littéraire sur lequel on l'a fichue, ben oui, ça fout un coup.
L'histoire résumée tient en peu de choses : tout se qui figure la vie artistique de la Nouvelle Orléans se retrouve invité en croisière par une riche veuve aux mécénales envies. Il y a là un poéte, deux écrivains, un sculpteur amoureux, une godiche, son mac, quelques critiques, un industriel anglais, bref, de quoi pavoiser sur 300 pages. Gagné ! Faulkner en fait que cela, esquissant en creux une critique de cette jeunesse qui se libére (très bien), du féminisme en vogue dans les années 30, des rapports affreux que tissent entre eux mécénes et artistes (d'accord) mais à quoi bon tout ça ? La seule beauté du roman (magnifique beauté, je ne le nie pas) se niche dans l'esquisse d'histoire d'amour qui relie la nièce fortunée au sculpteur d'une part et au matelot d'autre part. Tout en finesse là où jusqu'ici Faulkner n'avait manié que la brosse large, maintenant il figure admirablement les caractères, les fait se tenir ensemble, se porter, s'embrasser un peu, se retourner, s'ereinter réciproquement, le viol de Sanctuaire n'est jamais loin; et cette guêpe de nièce, toujours à son aise, sauf lorsque ces miriades de moustiques la happent et la font renoncer à cette légère mais sincère tentative d'évasion. Et alors le roman replonge, et son lecteur de se taper la joue, maudissant éternellement les foutus moustiques du titre d'avoir arrêter net une histoire qui promettait d'emmener une jeune fille et son matelot vers des envies infinies.