mercredi 17 juin 2009

Raymond Depardon

J'ai un rapport particulier avec le photographe Raymond depardon, non que je connaisse l'homme personnellement mais son oeuvre m'est tout à fait familière depuis une quinzaine d'année, oeuvre autant photographique que littéraire ou cinématographique. C'est d'abord et avant toute autre chose un type que j'aime bien, il ressemble un peu à mon père avec ses grands yeux bleus qui semblent ne jamais pouvoir mentir. Et dans le même temps, il est aussi le parfait opposé de la figure paternelle dans le sens où le lieu dans lequel il s'ébat est aux antipodes du terrain d'existence de mon propre père, et quitte à tuer ce dernier, autant choisir avec soin le terrain du patricide. Celui du rêve m'ayant toujours parlé plus que de raison, j'ai choisi dés l'âge de décamper atteind d'emprunter les voies du flou et du piqué plutôt que celle trop jalonnées du monde "réel" - tel que celui-ci m'était représenté-.
Pour mes vingt ans, un livre que l'on m'offre assiera un peu plus l'emprise de l'oeuvre du photographe dans le petit système artisitique que je mets en place surtout dans ma tête. Il s'agit d'Errance, un bouquin dense, muet dans la succéssion de ses photographies mais non avare en explication dans sa préface. Ce livre me renverse tout à fait, j'y reviens encore très souvent, comment errer sur une planète ronde peuplée de plus de six milliards d'individus ? Où trouver une quête encore vierge ? Comment explorer, comment découvrir encore ? Où sont les Cartier, Colomb et Magellan du XXIème siècle ? J'aime ce livre parce qu'il pose une question philosophique pour préable et que le questionnement perdure sans être réellement épuisé une fois la dernière page tournée. J'aime ce livre aussi parce qu'il m'a longtemps trompé, c'est un livre de grabataire, peut-être même l'aigreur ou la déception l'ont motivé. Ce livre ne devrait pas avoir à frayer avec un gamin de vingt ans, il le trompe sur le monde. Et voilà comment un photographe au regard honnête et bleu peut - et parce qu'il suit son propre questionnement intime - camoufler à un gamin mal dégrossi que le monde est tout à découvrir pour lui.
Bizarrement ou non, cette Errance de Depardon a contribué à me rendre hésitant un appareil photo entre les mains, en tout cas ça a coïncidé avec une période de jeûne photographique ; des images des amis, de la famille et du chien oui, mais reprendre l'appareil en bandoulière et tirer une image d'un inconnu a pris fin vers cette période. Et même les Ackerman, Max Pam et autres baradoudeurs n'ont pas réussi à intercéder à ce moment-là.
Alors quand l'excellente revue trimestrielle XXI publie un long entretien avec Raymond Depardon, j'ai encore une fois envie de comprendre cette pierre angulaire de mes aspirations à travers ses mots et ses explications. Je me souviens qu'interviewé par Inter il y a quatre ou cinq ans, j'avais envoyé par mail à la radio une question qui me taraudait : "êtes-vous toujours dans l'errance ?" . La question l'avait fait sourire et il avait répondu que je me référais bien évidemment à un livre qu'il avait fait et que non, l'errance n'avait été qu'un passage.
J'avais été sot n'est-ce pas, de croire qu'un artiste créant sans cesse pouvait stopper son système de représentation en soumettant au yeux de tous ce processus même... J'y croyais et j'étais sot, mais j'aime toujours autant ce photographe et son oeuvre.




samedi 6 juin 2009

Raashan Ahmad - Soul Power

Et de retrouver Raashan Ahmad à peine douze mois plus tard avec un nouvel album... Ah non, "not an album, not a mixtape, not an EP", selon l'artiste, juste une collection de titres déstinés à être joués live pendant le tour qui suivit la sortie de "The Push" l'année passée. Alors le tout n'est disponible qu'en digital bien entendu mais ça n'enlève en rien la formidable energie qui anime Raashan Ahmad sur chacun de ses projets, on sent bien l'ambition de construire des morceaux complexes mais dont les samples reconnaissables sont comme autant de gimmicks facilement assimilable par le public d'une salle de concert.
Pour moi l'opération est tout à fait concluante, le emcee des Crown City Rockers s'en sortant une fois de plus tout à fait correctement et même parait-il encore plus à l'aise avec le positionnement des sa voix, variant son rap admirablement.
Le tracklisting qui va bien, et dans lequel on retrouve Aceyalone en grande forme.
1. Mobstar Life-Produced by Woodstock
2. Move-feat. Aceyalone produced by Kas One
3. Stay-Produced by Raashan Ahmad
4. Soul Train-feat. Wafeek/Ragen Fykes Produced by Ebo
5. Breath-feat. Aima Produced by Kas One
6. Lambada-Produced by Headnodic/Kat O1O/Raashan Ahmad
7. Day after Day-Produced by Stefonix
8. Celebrate-Produced by Headnodic
9. Fairy Tale-feat. Ragen Fykes Produced by Headnodic
10. Money-feat. Alex Newman Produced by Kas One
11. Cornbread-Produced by D.J. Enki
12. Patience-Produced by Stefonix cuts by D.J. Vajra
13. Oakland-Produced by Kat O1O