Au préable j'avais escompté réaliser un article de fond sur Alex Baladi, un truc un peu fouillé, un peu critique, une sorte d'étude exhaustive, une somme quoi. J'ai eu la flemme. Pourtant j'ai surement tort, beaucoup (tout est relatif, nous sommes d'accord) d'entre vous sont certainement complétement open quant à une information franche concernant Alex Baladi. D'accord mais j'ai la flemme. J'ai juste envie d'en dire trois mots, ce
Baby monstreux arrivant maintenant en kiosque, ça justifiait un petit quelque chose.
Jusqu'à présent, j'identifiais clairement trois Baladi : l'un, le plus prolixe, chez Atrabile, donnait à lire des histoires en forme d'hommage aux grands genres de la bande-dessinée. Baladi se frottait aux super-héros ( le superbe Super), aux monstres (le monstrueux Frankenstein encore et toujours ), la SF dérisoire ( le tralalalien Cosmique tralala ), ou bien la série davantage "étude de moeurs" (magnifiques Benny avec en point d'orgue le Mort Disco initial ). Bref, je balisais l'Atrabile de Baladi sans doute faussement comme le plus accéssible à un public indé forgé à l'Association et autre Cornélius. J'avais tort, je vous dirais pourquoi juste après.
Mon deuxième Baladi est un auteur en mouvement, qui recherche graphiquement ce que le dessin peut (pourrait) vraiment dire si on lui laissait la place de le faire. C'est le Baladi de Drozophile ( Meta Maw est plus que conseillé si vous tombez dessus au hasard de l'étalage d'un excellent bouquiniste) ou de chez (les magnifiques gens !) B.ü.L.B. Comix (cherchez donc dans les boîtes de cet étonnant éditeur, vous y trouverez de l'inédit et bien souvent de l'expérience heureuse). Voilà pour ce Baladi expérimental, très arty (il me haïrait je pense de lire ça de lui...) en fait, beau et simplement bluffant.
Mon troisième et dernier Baladi est celui de l'auto-édition, celui des fanzines de festivals, celui qui s'assoit sans risque sur 30 ans d'underground entâmé chez Crumb et consors. Ce Baladi là a une production de malade, souvent trouvable sur le web d'ailleurs, cherchez donc du côté de chez
http://www.diogene.ch/sommaire.php3.
Et voilà qu'alrs que je regroupais ses production made in Atrabile avec celle de La Cafetière et de chez l'Association (lisez donc l'histoire de la balafre dans la collection Patte de mouche) je tombais sur ce dernier Baby, bouquin dont la facture ressemble à s'y méprendre à un Drozophile, une espèce d'objet incongru, coincé entre l'expérimentation graphique simple et celle plus complexe de la lecture de rêves, comme si l'écriture automatique avait conditionné la création de ce livre. J'ignore pour le moment s'il y a quelque chose à comprendre à ce bouquin, il s'en dégage un malaise palpable, que l'on s'attarde sur cet enfant-poupée ou bien sur cet Baladi qui rêve qu'il est une clubbeuse délurée. J'ignore le fond de ces choses, j'ai l'intuition qu'elle parlent beaucoup de l'auteur et de ses névroses, les mêmes motifs s'y retrouvent encore et toujours : je pense à la mendicité, l'ivresse ou du moins la perte de sens, l'enfance trompeuse et trompée et bien d'autres thèmes qu'il me faudrait creuser encore, mais comme je le disais plus haut, j'ai la flemme.
Lorsque j'évoquais Baladi comme faussement accessible à un public indé, je pensais à ses précédentes productions chez l'Association, très abordables, et ce Baby maintenant qui fracasse tout cet édifice longuement échaffaudé. J'aime beaucoup ça chez Alex Baladi, l'art d'envoyer paître le définitif. Lisez donc ses livres, ils disent beaucoup de belles choses.